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15 décembre 2021

La genèse de la bibliothèque de Joigny.

En 1746, Edme-Louis Davier, avocat, historien local et bienfaiteur, légua à la Ville sa maison à proximité de l’Hôtel-Dieu Saint-Antoine, pour y transférer le collège alors situé 2 et 4 rue Jacques d’Auxerre, dont l’état de dangereuse vétusté empêchait encore d’y accueillir des élèves. Le premier collège Davier ouvrit ses portes en 1759 au 12 rue Saint-Jacques.

Conseil général des bâtiments civils 01_06_1812 Ecole secondaire 1

Plan du rez-de-chaussée du collège Davier, 12 rue Saint-Jacques. © Conseil général des bâtiments civils, 1er juin 1812.

Conseil général des bâtiments civils 01_06_1812 Ecole secondaire 2

Plan de l’étage du collège Davier, 12 rue Saint-Jacques. © Conseil général des bâtiments civils, 1er juin 1812.

Louis Davier fit aussi le don de sa bibliothèque qui fut ensuite alimentée par les régents, puis par le dernier Principal du collège au moment de la Révolution française, l’abbé Jean-Baptiste Saulnier. Des dons et legs d’habitants et de notables vinrent également augmenter le fonds essentiellement composé d’ouvrages sur la religion et le droit, mais peut sur l’histoire et les sciences.

Vers 1780, l’abbé Saulnier voulant répondre aux besoins des élèves pour leurs études, demanda aux parents qui le pouvaient, une contribution annuelle pour l’achat de nouveaux ouvrages. Il émigra en 1792 et ses biens furent confisqués et vendus. Il ne reprit la direction du collège qu’en 1800.

La bibliothèque du collège fut la première bibliothèque de Joigny et elle fait partie des toutes premières bibliothèques municipales répertoriées en France (1746), alors que celles-ci prirent officiellement naissance en 1803. L’arrivée de la Révolution désorganisa le collège tenu par des ecclésiastiques.

Le 14 novembre 1789, les bibliothèques deviennent propriétés de la Nation. Les biens des établissements religieux et hospitaliers sont confisqués. Les ouvrages et manuscrits saisis viennent enrichir les « Dépôts littéraires », nouveau nom donné aux bibliothèques.

Ainsi, la bibliothèque du collège est devenue la «Bibliothèque du district de Joigny» qui recueillit les ouvrages qui ne furent pas envoyés au chef-lieu du Département (futures Archives départementales). La bibliothèque possédait un fonds riche de 1 300 volumes, dont un incunable imprimé entre 1498-1499[1].

L’abbé Saulnier quitta le collège en 1808. Il fallut attendre 1821 pour que l’abbé Lallier, directeur à l’époque, reprenne en main la bibliothèque du collège. Il fit de nouvelles acquisitions, rédigea un catalogue, et fit un classement minutieux des ouvrages.

En 1824, le maire de l’époque, Antoine Chaudot, décida d’ouvrir cette bibliothèque et de la rendre publique à l’ensemble des habitants. Il fit voter une allocation annuelle pour son entretien et l’achat de nouvelles acquisitions. Mais en raison de sa situation géographique et de l’étroitesse du local, elle ne fut pas fréquentée comme il l’aurait souhaité. De plus, peu de gens connaissaient son existence.


[1] Datation de Monsieur Dominique Coq, conservateur des bibliothèques, novembre 2019 à Joigny. Il s’agit de la première partie d'une édition de la Bible commentée par un théologien dominicain français, Hugues de Saint-Cher, créé cardinal au XIIIe siècle. Cette édition, imprimée à Bâle par Johannes Amerbach pour le libraire nurembergeois Anton Koberger, comprend sept parties. L’incunable de Joigny comprend les premiers livres de l'Ancien testament jusqu'au livre de Job et a été imprimé vers 1498-1499. L'exemplaire en question a appartenu à un moine cistercien de l'abbaye normande de Foucarmont, en Seine-Maritime, non loin de Neufchâtel-en-Bray. Il est revêtu d'une reliure en veau blond du XVIe siècle à décor doré, avec un motif central ovale à rameaux d’olivier. Il est vraisemblable que cet incunable provient d'un don ou d'un legs d'un particulier à la bibliothèque de Joigny au XIXe siècle.

Hôtel de ville 6

C’est en 1835, que le Conseil municipal vota le transfert de la bibliothèque du collège vers une pièce de l’Hôtel de Ville. Le déménagement eut lieu au début de 1836, une fois les travaux d’aménagement achevés. Tous les ouvrages ne furent pas transférés. Ceux qui servaient pour le programme scolaire et les connaissances des élèves furent conservés au collège. Elle s’installa plus tard à l’étage vers 1862, après l’achat de la maison Lesire-Lacam pour l’agrandissement de l’Hôtel de Ville.

Hôtel de ville 3

Les Joviniens prirent connaissance de l’ouverture de la nouvelle bibliothèque dans le Journal judiciaire de la Ville et de l’arrondissement de Joigny du 20 mars 1836. On les invita à participer à son essor par le dépôt volontaire d’objets d’art ou de sciences.

Augustin Pérille-Courcelle, le premier bibliothécaire-archiviste.

Pérille-Courcelle_InPixio

Augustin Pérille-Courcelle est né à Joigny le 17 septembre 1775 et y est décédé le 23 janvier 1846. Issu de la bourgeoisie locale (famille de tanneurs), il fut receveur de l'enregistrement des Domaines. Il sera aussi le second adjoint du Maire Antoine Chaudot.

Chroniqueur et historien local, il sera le premier bibliothécaire-archiviste de la bibliothèque de Joigny. On lui doit de nombreuses notes et dessins, ainsi que ses « journaux de bord » riches en anecdotes relatant les faits et gestes dont il a été le témoin direct. Un article paru dans le N° 132 du Joigny Infos de mai juin 2021 intitulé « 1er septembre 1830, rue du Petit-Marché, deux maisons s’écroulent » est basé sur un de ses journaux de bord. Il finalisa en 1844 son « Journal ou Annales sur Joigny », manuscrit relié de 438 pages que son épouse qualifiait de trésor devant rester dans la bibliothèque de Joigny, afin de servir au chercheur.

Il rédigea un registre répertoriant les quelques 2 000 ouvrages formant le fonds de la nouvelle bibliothèque. Ce registre est connu sous le titre de « Livre de l’origine et des progrès de la bibliothèque publique de la Ville de Joigny », dans lequel sont mentionnés les dons de toutes sortes, ainsi que les nouvelles acquisitions. Ce manuscrit riche en détails historiques de toutes sortes, est toujours présent dans le fonds ancien des archives communales à la médiathèque Olympe de Gouges.

En voici l’introduction, de la main même de Pérille-Courcelle. Notez l'élégance de l'écriture... 

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P. 1

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P. 2

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P. 3

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P. 4

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P. 5

FIN

Merci à ma collègue Sophie du Service Patrimoine de m'avoir fait l'ensemble des photos du registre pour le Service des archives communales de Joigny. 

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