Histoire du chemin de fer à Joigny (7/9).

7) La ligne du Pays d’Othe et la révolte des ouvriers italiens. 

Le chemin de fer durant la première guerre mondiale.

Les élus étaient conscients des avantages que procurerait le passage du chemin de fer à Joigny et les communes limitrophes. Plusieurs projets furent étudiés mais au final, peu aboutirent. En même temps que la ligne Joigny-Auxerre, une nouvelle voie ferrée métrique fut votée comme nous l’annonce le Journal Officiel du 4 avril 1910. Il s’agissait de la ligne Joigny-Villeneuve l’Archevêque.

L’emprise de la voie débutait par la gare des tacots, remontait l’avenue de la Gare, l’avenue Gambetta, traversait le pont Saint-Nicolas puis bifurquait vers le quai Ragobert. Un arrêt avec abri voyageurs était prévu face au marché couvert. La voie continuait par les actuelles avenues Roger Varrey et Jean Hémery puis tournait au Nord au lieudit La Perrière en direction de Looze. Un embranchement était prévu de Migennes à Brion rejoignant ainsi la ligne du Pays d’Othe.

Le 10 juin 1914, la presse écrite nous apprend qu’un vent de colère souffle à Bussy-en-Othe parmi les ouvriers terrassiers de la ligne Joigny-Villeneuve l’Archevêque alors en construction.

En grève depuis 15 jours, les ouvriers sans ressources, las de ne pas être payés, ont pris en otage l’épouse du contremaitre. Celui-ci eut la bonne idée de quitter le chantier en toute discrétion, « en oubliant » de donner leur dû à la cinquantaine de terrassiers italiens.

De passage à Bussy en Othe sans amener d’argent, les grévistes séquestrèrent Mme Lombardini durant 4 jours dans l’hôtel de l’Etoile. Nuit et jour, les ouvriers montèrent la garde devant l’hôtel empêchant toute fuite. Le Parquet de Joigny tenta des négociations avec les grévistes, mais en vain.

On fit appel aux gendarmes. La prisonnière s’échappa et se réfugia dans la cour de l’école. Les gendarmes réagirent vigoureusement face aux ouvriers très en colère mais non armés. On déplora parmi les ouvriers 5 blessés dont un grave. Les habitants de Bussy-en-Othe prirent fait et cause pour les grévistes. Mme Lombardini dut son salut à une automobile garée dans la rue. Le conducteur, peu enclin à la sauver, finit par céder. C’est sous les huées des habitants et des grévistes que la prisonnière quitta la commune. La première guerre mondiale mit fin au chantier.

Ci-dessus, un plan de 1912 de la gare de Villeneuve l’Archevêque sur lequel apparait le projet de jonction avec la ligne de Joigny.

La ligne du Pays d’Othe ne sera jamais mise en circulation. Son déclassement débutera en 1933. Seule une quinzaine de kms fut dotée de rails qui furent réquisitionnés par l’Armée.

Durant les hostilités, la ligne Joigny-Toucy fut réquisitionnée par le Ministère de la guerre. Les rails du tronçon Aillant-Fleury furent démontés et envoyés vers le front. Seule la ligne Joigny-Auxerre resta en circulation. Par contre la ligne du PLM restera en fonction dans les conditions que l’on peut imaginer, les trains militaires étant prioritaires et les services commerciaux furent un temps suspendus.

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