Le premier collège de Joigny (1500-1759).

Dans son « Histoire de la ville et du comté de Joigny » au chapitre XXIV, Edme-Louis Davier indique que la communauté des habitants de Joigny acheta en 1500 un bâtiment composé de plusieurs corps de logis situé au 2 et 4 de l’actuelle place du Tertre pour y créer un collège. Ce nouvel établissement était dirigé par un régent où l’on y enseigna le latin. Il était occupé par les classes des petites écoles, les dortoirs et le logement de fonction du maître. La grande porte d’entrée se trouvait rue des Fossés Saint-Jean. Ces bâtiments existent encore aujourd’hui en deux maisons séparées, mais leur aspect actuel n’est plus celui d’antan.

En 1605 le recteur et principal du collège se nommait Josué Millet ; en 1660 c’était un nommé Jourdain. C’est vers cette époque que les habitants de Joigny prirent conscience que dans les villes et villages voisins, l’instruction des enfants était nettement de meilleure qualité. Ils votèrent en 1669 l’installation d’un deuxième régent. Tous deux seraient « chargés d’instruire gratuitement les écoliers qui s’y rendroient, et de célébrer deux messes, l’une à quatre heures du matin, en l’église Saint-Thibault, pour les ouvriers, l’autre en l’église Saint-Jean, pour les écoliers, avant leur entrée en classe ». Leurs émoluments furent fixés à 400 livres par an et imputés sur les revenus des hôpitaux de Saint-Jacques et de Saint-Antoine. Un arrêt du conseil du roi du 5 août 1669 autorisa cette nouvelle fondation. C’est à ce moment là, que l’établissement devint véritablement un collège. Le 30 août 1670, les habitants traitèrent pour l’enseignement avec deux prêtres. En 1690, les gages perçus par la Ville s’élevaient à 350 livres au lieu des 400. Seul un régent resta uniquement pour l’enseignement et la partie libre des bâtiments fut mise en location à des particuliers.

L’état de vétusté des locaux devint préoccupant. En 1722, le régent demande que des travaux soient effectués, la Ville y pourvoit un peu. En 1730 deux régents demandent à y loger à la condition que des travaux soient effectués. La Ville ajourne encore la rénovation et les régents se succèdent pendant plusieurs années. Edme-Louis Davier fut très touché par l’état de pauvreté du collège de sa Ville natale et voulut y remédier : « car je me suis étudié dans tous les temps à découvrir ce qui pouvait être utile et contribuer à l’avantage des habitants[1] ». Il le dota d’une somme de 40 000 livres pour l’achat de biens immobiliers dont le produit servirait à payer les deux régents.

A sa mort, Davier légua à la Ville sa maison sise au 12 rue Saint-Jacques, ainsi que sa bibliothèque. La succession fut retardée par les héritiers et ne fut confirmée à la Ville qu’en 1752. Le collège étant trop vétuste et dangereux, on décida d’en créer un nouveau dans la maison léguée par Louis Davier qui devint alors le premier collège Davier. La communauté des habitants vota des travaux et en 1759, les 2 régents, les élèves et les pensionnaires emménagèrent dans leur nouvel établissement. D’autres travaux seraient effectués un peu plus tard. Les deux maisons place du Tertre furent vendues en 1760.

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[1] Testament d’Edme-Louis Davier, 1746.