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16 septembre 2022

Histoire des rues de Joigny... La rue Antoine Benoist (1632-1717).

Antoine Benoist, peintre et unique sculpteur en cire de Louis XIV.

Grande-rue_PerfectlyClear

La Grande rue (actuelle rue Gabriel Cortel), circa 1900. A droite, la rue Antoine Benoist.

Joigny peut se prévaloir d’être le lieu de naissance de plusieurs artistes ou personnages célèbres ayant donné leur nom à ses rues. Leur histoire est souvent voilée, voire méconnue car s’étant déroulée en dehors de ses murs. C’est le cas pour Antoine Benoist.

Il sortit de l’anonymat en 1856 lors de l’acquisition par le musée de Versailles du buste de Louis XIV, pièce maîtresse exécutée vers 1705. Antoine naquit à Joigny le 24 février 1632, selon le registre des baptêmes de la paroisse Saint-Thibault (et non à Paris comme l’ont affirmé certains biographes). Grâce aux recherches effectuées en 1861 par l’ancien secrétaire de la mairie de Joigny, M. Jossier, son lieu de naissance fut définitivement prouvé.

Acte bapteme A

Acte de baptême d’Antoine Benoist. © Ville de Joigny. Ci-dessous, transcription partielle de l’acte.

"24 février 1632. Ce jourd’huy vingt quatrième du mois et an que dessus, a esté baptizé sur les fontz, Anthoine, fils de Jehan Benoist et de Marie Hubert, ses père et mère, ainsi nommés par honnorable hôme maître Antoine Barens, apotiquaire, et dame Anthoinette Cibois, foy desquels a signé.

Fait par moy, viquaire soussigné.

Signé : A. Barens.

Signé : Ducloz, viquaire."

La genèse.

Son père issu d’une lignée noble se prénommait Jehan. Orphelin très tôt, laissé sans fortune et sans appuis, il perdit son statut nobiliaire. Jehan était né à Jaligny, dans le Bourbonnais, où il fut baptisé le 12 octobre 1585. Il fit un apprentissage chez M. Laurent de Lorme, architecte et sculpteur en bois à Moulins, du 7 mars 1601 au 10 juin 1607. Il exerça le métier de menuisier-architecte et sculpteur sur bois. Jehan se maria le 20 mars 1623 avec Marie Hubert dont le père Louis Hubert, était greffier en l’élection de Joigny. Sa mère se nommait Anne Barens. Le parrain d’Antoine Benoist était apothicaire et se nommait Antoine Barens, et sa marraine, dame Antoinette Cibois.

On ne sait rien de précis sur son enfance passée à Joigny. On suppose qu’il travailla avec son père puis partit pour Paris pour parfaire son art de peintre en portraits. Les premières informations connues commencent en 1657 alors qu’il avait 25 ans.

Portrait présumé A

Portrait supposé d’Antoine Benoist (Voir "Sources" en bas de page).

La céroplastie.

A cette époque il était déjà peintre ordinaire du roi. Il délaissa la peinture pour remettre au goût du jour la céroplastie ou « l’art de modeler la cire » qui existait depuis l’Antiquité, tombée peu à peu en désuétude.

Les figures en cire d’abeille étaient moulées directement sur le visage de la personne. Elles étaient ensuite colorées. Un œil en émail (ou deux selon le modèle) y était incrusté. Une perruque coiffait la tête. L’ensemble était habillé avec des vêtements fournis par le modèle. La sculpture sur cire disparaîtra en France après la mort de Louis XIV. Elle sera pleinement réactualisée en 1882 avec l’ouverture du musée Grévin à Paris IXème.

Le premier musée de figures de cire en France.

Antoine Benoist fut célèbre dans le tout Paris et aussi en Angleterre sous le règne de Jacques II dont il fit le portrait. Il devint alors l’unique sculpteur en cire colorée de Louis XIV. En 1668 par lettre patente du roi, il est autorisé à exposer dans toute l’étendue du royaume ses représentations des nobles de la cour ou Cercle, qui valut à Antoine Benoist le surnom de Benoist du Cercle. Il ouvre un cabinet (plus de 2 siècles avant Grévin), le premier musée de figures en cire, dans sa demeure de la rue des Saints Pères. Antoine Benoist fut reçu membre de l’Académie royale de peinture et de sculpture le 29 novembre 1681. En 1706, par acte royal, Louis XIV le rétablit en tant que noble avec droits et privilèges.

Portrait du sculpteur Jacques Buirette 1681 A BENOIST

Portrait du peintre Gabriel Blanchard 1681 A BENOIST

Portrait du sculpteur Jacques Buirette (1631-1699), et celui du peintre Gabriel Blanchard (1630-1704), présentés pour l’admission à l’Académie royale en 1681. © Musée de Versailles.

[Portraits_de_la_Maison_Royale_[

PORTRAITS_DE_LOVIS_LE_GRAND_[

Miniatures peintes en grisaille par Antoine Benoist : Portraits de la Maison Royale, 1704 ; et Portraits de Louis le Grand suivant ses âges, 1704.

© Département des médailles, BNF.

Le « bienfaiteur des pauvres ».

Pour autant, malgré le succès et la fortune, il n’oubliera pas sa ville natale avec qui il était toujours en relation. En effet ayant appris la centralisation des établissements charitables et hospitaliers commencée en 1691, il fit en 1704, 1706 et 1713 des dons, principalement en numéraire, à l’Hôtel-Dieu Saint-Antoine rue Saint-Jacques. Dans les archives hospitalières de Joigny, conservées aux Archives départementales, il existe une lettre autographe qui atteste les liens qu’avaient Antoine Benoist avec la Ville de Joigny, et plus particulièrement, avec l’Hôtel-Dieu Saint-Antoine. Reconnu bienfaiteur de la Ville, les habitants lui donnèrent le titre de « bienfaiteur des pauvres ».

Antoine Benoist

Dessin d'une plaque commémorative qui se trouvait dans l'Hôtel-Dieu avant sa réunification. Elle se trouve aujourd'hui dans l'hôpital.

Bulletin de la société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, 1886, p. 330.

 

Dénomination de la rue Antoine Benoist à Joigny.

Antoine Benoist mourut à Paris le 8 avril 1717 âgé de 85 ans. Il fut inhumé à Saint-Sulpice. Durant la séance du Conseil municipal du 14 août 1887, les élus joviniens votèrent le changement du nom de la rue du Puits à Berniquet par celui d’Antoine Benoist (Registre cote 1 D 16 p. 516, archives municipales de Joigny).

 

Descriptif succinct du buste de Louis XIV d’Antoine Benoist.

Le médaillon grandeur nature de Louis XIV cité au début de cette notice (voir aussi la photo ci-dessous) est considéré par les spécialistes comme l’image la plus fidèle du roi. La perruque est composée de cheveux véritables. L’âge estimé de Louis XIV sur cette représentation est estimé entre 65 et 68 ans. Le visage semble vivant par l’éclat de l’œil en émail et les détails de la peau sur laquelle apparaissent les traces laissées par une petite vérole sont saisissants.


Antoine-Benoist-Portrait-de-Louis-68-ans

© Musée de Versailles (conservé dans la chambre à coucher du roi).

 

 Lignée de la maison BENOIST (XVe-XVIIIe siècle).

Téléchargez le fichier au format PDF.

Lign_e_de_la_maison_Antoine_Benoist

 

Généalogie de la maison BENOIST (XVe-XIXe siècle).

Téléchargez le fichier au format PDF.

G_n_alogie_d_Antoine_Benoist

 

Pour aller plus loin...

A l’occasion d’une exposition sur le roi soleil en 2010, le château de Versailles avait mis en ligne une courte vidéo sur la restauration du portrait de cire dont voici le lien :

 

https://www.youtube.com/watch?v=OpukvtYO-XQ&ab_channel=Ch%C3%A2teaudeVersailles

 

Sources :

 

- Nouvelle archives de l’art français, 1872, p. 301-311. BNF.

- Revue de l’art français, 1890, p. 165. BNF.

- Aperçu sur le chevalier Benoist, 1867, Montréal. Bibliothèque de l’Université de Laval et de Toronto, Canada.

- Notice biographique sur le chevalier Benoist, 1865, Montréal. Bibliothèque de l’Université de Laval et de Toronto, Canada.

- Portrait (supposé) d’Antoine Benoist, sans source : https://fr.findagrave.com/memorial/208757632/antoine-benoist 

L’attribution de ce portrait comme étant celui d'Antoine Benoist n’est pas garanti. Je n’ai pas pu trouver de sources fiables. Je le propose juste pour information, mais sous réserves. 

- Bulletin de la société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, 1862,1886.

 

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