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Joigny en images
20 juillet 2021

Histoire du marché couvert de Joigny [3]

3) Les conditions d’installation des marchands et les problèmes sanitaires.

Les XVIII et XIXe siècles ont vu la démolition de portes et des enceintes de la Ville, l’aménagement des quais et l’amélioration de la circulation avec une meilleure qualité des routes et l’arrivée du rail et des automobiles.

Vue de Joigny 3

Vue de Joigny avec ses portes et enceintes, XVIIIe siècle (Collections municipales).

Ces changements eurent comme conséquence économique la fuite des clients de passage. La circulation qui empruntait les rues étroites et pentues fut déviée vers les quais. La grogne des marchands commença à monter du fait de leur mauvaise installation, trop à l’étroit dans ces ruelles difficilement accessibles et peu praticables.

Pont St-Nicolas 1873 Gallica

Le pont Saint-Nicolas en 1873, source BNF.

Des vendeurs et maraichers du marché situé Grande Rue et quartier Saint-Thibault, firent parvenir une pétition au Conseil municipal le 5 février 1881, demandant à pouvoir étendre leur étals sur les larges trottoirs des quais situés le long de la rivière Yonne.

DSC_3424 13_02_1881

Le Courrier de Joigny, 13 février 1881, Médiathèque Olympe de Gouges, fonds des périodiques.

Les marchands mirent en avant la situation sanitaire, l’étroitesse des lieux et ses dangers. En effet, un ruisseau fétide traversait les rues, les égouts regorgeaient de déchets d’origine animale et des épidémies de fièvre typhoïde se déclaraient. L’accumulation de détritus au sol rendait dangereuse la circulation des personnes. Le 6 février, une commission est mise en place. Elle donne son rapport le 9 juin et son ajournement est voté.

Dans la séance du 28 mai 1882, le rapporteur, le docteur Leriche, donne lecture du rapport de la commission du marché. Le rapport repris dans « Le Courrier de Joigny » à malheureusement mal vieilli. L’intégralité du texte est consultable dans le registre des délibérations cote 1 D 16 aux archives municipales.

Inspiré par le rapport du docteur Leriche, le docteur Paul Longbois donna avec précision dans son ouvrage « Des Conditions typhogènes d'un groupe de maisons à Joigny, revue générale des travaux antérieurs donnant à l'eau potable la prépondérance parmi les moyens de transport de l'agent infectieux, difficultés des enquêtes médicales dans les petites villes », édité en 1886, les causes de ces épidémies. Les planches qui suivent, extraites de son livre, indiquent la zone infestée par la fièvre typhoïde.

Lui-même médecin installé à Joigny, le docteur Longbois avait recueilli les témoignages de patients depuis 1878.

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Des_Conditions_typhogènes_d'un_groupe_[

La commission du marché reconnut à l’unanimité que le marché tel qu’il existait était, non seulement très défectueux au point de vue de l’installation des marchandises et de la circulation des acheteurs, mais encore, qu’il constituait un véritable danger pour la salubrité publique. Elle rappela l’épidémie de fièvre typhoïde, qui depuis quatre ans, sema le deuil dans les différents quartiers de la Ville et qui avait débutée dans l’égout situé en partie basse de la Grande rue.

Cet endroit recevait la plus grande partie des résidus organiques du marché. Le niveau élevé de la rivière empêchait son écoulement et les détritus, s’accumulant, y pourrissaient et donnaient lieu surtout en saison chaude à des odeurs nauséabondes et malsaines incommodant les passants et pouvant engendrer des germes de maladie mortelle.

La commission estime de la plus haute importance le déplacement du marché, qu’il n’est pas souhaitable de chercher un autre endroit en Ville car le problème d’hygiène serait le même que ceux de la Grande rue. Que les études faites l’année précédente ont prouvé que la dépense pour l’expropriation, l’appropriation du terrain et la construction s’élèverait à près d’un million de francs. Qu’il faudrait étudier un emplacement sur la Promenade du Midi.

Suite à la démission de 9 conseillers, la presse locale s’empare de l’affaire. Les commerçants sont divisés. L’Union du Commerce de Joigny demande aux conseillers municipaux de voter en leur âme et conscience... Des habitants écrivent aux journaux locaux pour faire part de leur désaccord.

La commission décide d’envoyer l’architecte-voyer de la Ville étudier les kiosques-abris à Paris, place de la République, servant de marché aux fleurs.

Suite à son rapport, il résulte que ces constructions ne répondent pas aux besoins de la Ville, constructions peu confortables et très couteuse (180 francs le m²), incompatible avec les finances de la Ville. Le projet est écarté, mais l’esprit « Baltard » est conservé.

Archives Marché couvert-2

Plan et croquis du projet de kiosque abri du voyer municipal, 1882. © Archives municipales de Joigny, fonds moderne, cote 1 M 2.

Affiche 01

Affiche d’information pour le déplacement du marché vers la promenade du Midi. © Archives municipales de Joigny, fonds moderne, cote 1 M 2.

Archives Marché couvert-3

La promenade du Midi. Plan d’alignement, 1821, 3ème feuillet, © Archives municipales de Joigny.

 

Clichés des pièces d'archives : Service communication de la Ville de Joigny, Anthony Prosper.

 

 

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M
Echo de Joigny numéro 75 2015 "La typhoïde à Joigny.Contribution d'un jovinien à l'hygiène publique au XIXè siècle.Paul Longbois"
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